l'histoire

Je voulus alors en retenir l'histoire en l'écrivant, mais les mots, ces mots d'amour que je ne lui avais jamais dits, me faisaient encore plus mal que l'image de son visage et de son petit corps. Je détruisais au fur et à mesure ce que j'écrivais. Je déchirais mes notes, les reconstituais, les déchirais de nouveau, les brûlais. Puis le calme est venu en moi après bien des années. J'avais vainement essayé de l'imaginer grandir, mais les visages que l'on façonne dans sa mémoire ne peuvent être que ceux du rêve. Mon désir empruntait le mensonge.
Les douleurs de l'oubli
Jean-Louis Pinte
Éditions Mercure de France